journaliste reporter d’images explorateur
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Né en 1994 en Ardenne Belge.
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2013: Diplômé éducateur spécialisé et autodidacte en audiovisuel.
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2013-2014 : un an de service volontaire européen en Bulgarie dans un centre pour famille victime de violence et de trafic humain.
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2014: tour de l’Europe en auto-stop des Balkans à la Belgique.
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2015: premier voyage à vélo de 5500km du sud de l’Espagne à la Belgique, via le Portugal et la France.
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2016: Mérite sportif de la commune de vaux-sur-sûre.
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2016: Tour de la Belgique à vélo des abbayes trappistes.
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2016: voyage à vélo dans les montagnes des Balkans de 4500km.
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2017: voyage à vélo en tandem dans l’Atlas et le Sahara Marocain.
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2017: Belgique – Turquie à vélo tandem pour soutenir les enfants syriens réfugiés à Istanbul.
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2018: sortie du film » Aventure cyclo balkanique » multiprimé en festival.
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2019: traversée du Pacifique sans argent( convoyage d’un catamaran du Panama à Tahiti).
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2019: traversée de l’Atlantique, membre de l’équipe de l’expédition Phoenician Ship Expedition.
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2020: depart pour le projet « wallmapu » en patagonie, marche, packraft, reportage sur la révolution chilienne et la défense du territoire mapuche.
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2020-2022: bloqué par la pandemie, 2 ans de vie au chili dans un village en araucanie.
Récit de 10 années de voyage:
A 17 ans, sur les bancs de l’école, je bouillonnais à l’idée de pouvoir voyager et d’ouvrir le livre de ma vie sans attendre. Avant ma majorité, mes recherches pour trouver un moyen de partir avec très peu d’argent avait déjà commencé. J’avais un plan: en parallèle de mes études, j’ai envoyé depuis ma chambre 75 CV et lettres de motivations différentes dans différentes associations sociales ou environnementales dans toute l’Europe. Ultra motivé, je sentais que je devais partir pour me construire. Marqué par plusieurs drames dans mon enfance, j’ai commencé tôt à me questionner sur le système autour de moi et la valeur de la vie. Pour trouver des réponses, j’avais besoin d’ouvrir des cartes du monde et transformer la tristesse en désirs, le stress en euphories, la solitude en entraides et les pertes en victoires.
Finalement, en sortant de l’école, ma pêche aux projets a porté ses fruits! Mon regard curieux se penchait plutôt sur l’inconnu que m’offrait les Balkans. Pourquoi? Il paraît qu’il y a toujours de soi dans ce qu’on crée. En est-il pareil des paysages que l’on choisit de traverser? Reflèteraient-ils d’une certaine manière notre identité?
(Photos 2013: en Turquie sur la route pour Istanbul en auto stop, j’ai encore 18 ans. Un marchant m’offre le thé et une chaise et arrête les voitures pour m’aider.)
A 18 ans, alors je me suis engagé pour un an en Bulgarie comme éducateur volontaire dans une fondation qui prenait en charge des familles en danger (femmes et enfants victimes de violence et de trafics humains). Mon premier voyage n’a alors rien d’une aventure légère, je vie dans une banlieue très pauvre de Varna en bord de Mer Noire entouré d’immeubles identiques gris de l’époque communiste. En bas de la fenêtre de mon appartement qui m’était attribué, je côtoyais un bidonville de la communauté gypsy avec des enfants qui trainent dans les poubelles en quête de canettes à recycler. C’est ici dans les bas fonds économique de l’Europe que je vie mon premier choc culturel.
Dans cette région, j’ai aiguisé mon sens de l’observation. Témoin des trafics humains sévissant dans les réseaux de prostitutions, on me donnait comme mission de surveiller des femmes menacées et de les accompagner en ville. J’organisais aussi des activités sportives comme éducateur pour les enfants dans le centre et développais un projet où nous allions marcher et bivouaquer. Faire un feu et camper en foret apaisait la santé mentale des bénéficiaires enfermés. J’en étais fier, la ville était toujours un danger pour eux et la simplicité d’une balade ne coutait rien. Lors des sorties, j’ai fais face plusieurs fois à des groupes malveillants qui me suivaient jusqu’à la porte pour récupérer leurs victimes et devais gérer des situations dangereuses dans la rue à peine adulte. Ce projet où j’étais le premier à venir était mal cadré, mais tout cela forgeait mon mental.
Dans mon temps libre, ma débrouillardise a commencé à s’aiguiser en voyageant seul en sac à dos ou avec d’autres volontaires que je retrouvais postés ailleurs. Dans les dernières montagnes encore sauvages d’Europe, je sors avec une tente ou un hamac et apprends à être libre de bivouaquer où je veux. Passais les frontières en auto stop, allais par moi même jusqu’à Athènes ou Istanbul. Comme principe, j’essayais de ne jamais payer pour dormir et ce principe m’invitait à la rencontre des locaux qui m’offrent naturellement souvent l’accueil heureux de partager.
Alerté un jour par la lecture d’un article d’Amnesty International sur la situation inhumaine des réfugiés sur la frontière turque non loin, je suis parti pour la première fois en reportage. Devant l’armée bulgare, je me suis fait passer pour un journaliste belge pour arriver à rentrer dans un site industriel abandonné faisant office de centre de réfugiés où ils étaient enfermés. Les familles syriennes m’y racontèrent leurs terribles parcours. Un père me retrouvera en Belgique 3 ans après toujours en asile… Une expérience qui me marquera beaucoup et qui confirmera mon envie de m’impliquer dans des causes humanitaires.
Voyages à vélo:
Depuis mon adolescence, je rêvais de voyages à vélo. Cette idée est née naturellement en sentant sur la route que je pourrais pédaler sans fin. C’est à 16 ans que j’ai tapé: » voyage à vélo » sur youtube et que je suis tombé sur les premières vidéo des gars de SOLIDREAM faisant un tour du monde. Motivé par un mail de Morgan Monchaud me donnant des conseils, je suis parti en Espagne pour travailler le temps de mettre de coté pour mon grand rêve. Mais j’ai terminé plus vite que prévu dans la rue avec mon vélo et de cette situation est nait finalement mon premier périple de 100 jours en 2015 de Malaga à Bastogne ( 5300km) en passant par le Portugal, les Pyrénées ou encore les Alpes.
En 2016, de retour en Bulgarie, j’ai vécu cet hiver là cette incroyable exploration du monument soviétique abandonné Bouzouldja, dont les images de mon ascension sur la tour feront la une des médias. Curieux de savoir si il y existe d’autres lieux insolites cachés dans les montagnes des Balkans, j’ai imaginé une aventure unique en été à travers ces reliefs (4500km) à la découverte des trésors et des vestiges oubliés durant 4 mois. L’objectif au long terme fut de revenir avec des images pour partager mon récit à travers un film sans prétention qui me surprendra par son succès.
Ma nouvelle devise: « quand rien n’est prévu, tout est possible. »
Après le succès de ma première projection au Centre Culturel de Bastogne, j’ai réalisé via les retours des gens mon talent pour le cadrage des images, l’authenticité de mes portraits sensibles et pour mon audace d’aller fouiller si jeune après des histoires inspirantes dans des zones peu connues, voir en conflits. Plusieurs salles combles après, j’ai été propulsé dans le monde des conférences et des festivals où mon récit a été multi primé et merveilleusement accueilli. J’ai appris un nouveau métier à plusieurs facettes professionnel. Entre gérer la réalisation d’un film, trouver des fonds, faire les montages, gérer les réseaux sociaux, gérer mes mails pour mon agenda de projections, la création d’un DVD … Je suis passé malgré moi de voyageur à auto entrepreneur aussi.
Du Sahara à Istanbul:
En 2016, j’avais croisé la route de Hannah une backpackeuse américaine. Ensemble, on avait décidé de former un duo sur un vélo tandem. Après un premier voyage autour de la Belgique, où on a relié les 6 abbayes de bières trappistes, on s’était donné rendez-vous un an après à Marrakech en 2017 pour une aventure dans le nord de l’Afrique. A la rencontre des Berbères et des nomades, on a traversé durant 3 mois les montagnes de l’Atlas en direction de notre plus gros challenge: le Sahara.
Ce voyage restera gravé en moi comme le plus pure. Bivouaquer dans le désert où nous pouvions créer une bulle de vie le temps d’une nuit et continuer sans laisser de traces est une sensation magique.
Lors de cette traversée de plusieurs semaines proche de la frontière Algérienne, on s’est retrouvé confronté aux difficultés du désert traçant une route rejoignant de pauvres puits. Le Maroc loin des zones touristiques a sa dose d’extrême à offrir. La soif nous a poussé à demander de l’aide à une tente nomade. L’abri s’avérera être une petite école nomade pour les derniers enfants vivant dans le désert qui ne savent ni lire ni écrire n’ayant plus d’avenir ici et qui devront rejoindre la ville. Très vite, nous avons été accueillis généreusement même si les vivres dans les tajines y sont très pauvres. Avant, la région était riche en oasis mais les temps ont changé depuis la construction d’un barrage. Touché par cette histoire, et témoins des soucis de santé dus au manque d’eau comme les infections, on est revenu à la fin de notre expédition avec un convoi humanitaire organisé rapidement via les réseaux et partenaires. Des caisses chargé de lampes solaires pour les études des jeunes et de trousses de secours récupérées pour les familles. Notre solution n’était pas des plus durable mais peut-être de quoi tenir un peu plus longtemps … J’ai beaucoup appris de ce premier projet sur la gestion d’une mission d’aide humanitaire.
Après le succès d’un premier petit projet humanitaire pour les enfants du désert, notre duo a donné naissance à « Moving In Tandem ». On a réalisé le pouvoir que nous possédions: les réseaux sociaux. Utiliser notre visibilité, en ligne et sur la route, pour attirer l’attention des gens sur des organisations qui changent le monde. Le dernier voyage en date fut Bastogne- Istanbul pour soutenir un programme thérapeutique d’une association qui prend en charge 50 enfants syriens réfugiés en Turquie. 18 000 km à vélo plus tard, mon dernier projet à deux roues se termina à Istanbul où j’ai décidé de revenir vivre en France pour me concentrer sur le partage de mon premier film. Cette décision cachait un autre besoin de soigner des maux de dos qui freinera mon élan exploration durant les prochaines années. Malgré tout, je n’ai pas laissé tombé mes projets et m’adapte aux défis de la vie nomade.
Rencontre avec l’équipe de SOLIDREAM:
Alors blessé et en questionnement sur mon avenir proche, un mail influencera énormément mon parcours. Un lien de visionnage vers mon premier film sur les Balkans a surpris l’équipe française qui m’a invité à venir les retrouver dans leur bureau. Un camp de base à Port-Camargue près de Montpellier, où se mélangent différent projets de création de contenu audiovisuel centré sur les récits d’aventure. Dans cette ambiance productive pendant deux ans, j’ai donné vie à la version finale et peaufiné de « Aventure cyclo balkanique ». J’ai sorti aussi mon premier DVD. Je suis devenu conférencier et j’ai découvert le travail de réalisateur et producteur de films documentaires. Merci à eux, l’univers de la télévision me sourit en festival, notamment grâce à un prix Ushuaïa TV et mes amis que je suivais déjà ado deviennent mes producteurs.
Traversée du Pacifique et de l’Atlantique:
Dans ce foyer à projets avec Solidream, la rencontre de l’équipe féminine de WEOCEAN me permet d’apprendre à naviguer à bord d’un voilier. Un apprentissage qui a continué aussi avec Morgan Monchaud et son père explorateur de l’Antarctique. Après avoir emmagasiné un peu d’expérience en méditerranée, je suis parti pour mon premier voyage à travers l’océan en embarquant sur un bateau au Panama. J’ai postulé à une annonce vue sur les réseaux et sans dépenser le moindre argent me suis retrouvé sur un catamaran d’un riche homme d’affaire qu’il fallait convoyer avec prudence de l’Amérique à la Polynésie sans dégâts. Un voyage de plus d’un mois en mer avec deux loups de mer bretons. 4h à la barre en journée, et 4h la nuit veillant à la bonne trajectoire et à ne pas entrer en collision avec un cargo ou des lignes de pêches. Un temps d’isolation totale où j’ai pu observer les baleines sauter, croiser le regard d’un cachalot frottant la coque et être émerveillé par la bioluminescence du planton la nuit. D’abord le long de la Colombie, puis franchissant la latitude 0 de l’équateur en passant par les Galapagos, les Marquises pour arriver enfin à Tahiti où j’ai continué à pied sur les îles à la recherche d’un tatoueur polynésiens pour grave dans ma peau un souvenir. Encore une fois, avec peu de moyen mais beaucoup d’adaptation, j’ai réalisé ici un grand rêve de gosse.
Expédition Phoenician Ship
Selon Hérodote, les Phéniciens (originaires de la zone Syrie, Tunisie, Liban) ont réussi à faire le tour de l’Afrique lors d’un voyage en c. 600 av. Des études archéologiques auraient découvert des traces de leur présence en Amérique bien avant celles de Christophe Colomb. C’est ce que veut démontrer une expédition Anglaise dans laquelle j’ai été invité à participer via des contacts à bord du navire, qui a été construit en Syrie. Une traversée de l’Atlantique sur une réplique d’un bateau de marchandise préhistorique à voile carré ayant déjà fait le tour de l’Afrique. Une ambiance de pirates sans couchettes ni toilettes, où l’équipage dormait à même le plancher ou entre les cordes à la belle étoile avec le strict minimum. Une expérience surréaliste et non sans danger car l’état du bateau se dégradait plus vite que prévu et l’eau rentrait constamment abimant tout à l’intérieur. Finalement, il est bien arrivé en Amérique après 6 mois. Le voyage pour moi dura un mois de l’Angleterre à l’Espagne où je débarquerai suite à une rupture du lourd mat à moiter pourri qui aurait pu coûter la vie à l’équipage. J’ai découvert cette année là, un intérêt pour le voyage en mer mais pas plus que mon attraction pour la montagne qui m’attire plus que tout.
L’affaire de la première ZAD BELGE:
Fin 2019, j’étais rentré en Belgique. Et la veille de mes 25 ans, il était indispensable et urgent pour moi d’aller voir ce qu’il se passait à Arlon, dans mon pays, sur la ZAD (Zone à Défendre). Une première en Ardenne. Je suis venu pour documenter la situation dans le cadre d’un projet de film et rencontrer les activistes pour comprendre la situation. Le but de cette occupation illégale est de sauvegarder la Sablière, un site d’une biodiversité rare, mais également de militer pour arrêter l’artificialisation massive des sols et l’accaparement des territoires naturels à des fins privées. Constatant l’effondrement du vivant qui est bien réel, ceci est un combat pour la Belgique et pour le monde.
Après avoir passé la nuit sur place et une journée de tension avec la police, je me fais surprendre seul en ville et arrêté par des agents qui me font subir un coup de pression dans la rue qui endommage mon matériel video, suivi d’un interrogatoire forcé … Une expérience de violence policière qui a renforcé ma motivation plus que de la rabaisser. Je suis parti ensuite pour le Chili encore mieux préparé. Si dans la ZAD il y a toutes sortes de revendications: écologiques, anarchistes, politiques, … Je voulais aller plus loin dans mon questionnement. Je suis inspiré par ceux qui osent passer à l’acte de la désobéissance civil et voulais rencontrer un peuple en Patagonie qui se bat depuis toujours pour la protection de la Terre Mère et ses forêts primaires.
un long voyage en patagonie
En janvier 2020, 3 mois avant la crise mondiale de pandémie, je suis parti sans savoir ce qu’il m’attendait en Patagonie. Toujours gêné par des douleurs dans ma jambe droite, j’ai laissé le vélo pour jouer entre auto-stop et descente de rivières avec mon packraft. Voyager à vélo et filmer était devenu naturel pour moi, mais je découvre que se déplacer sur l’eau est bien plus compliqué que prévu. D’ailleurs, j’ai manqué de justesse, suite à une erreur d’analyse des risques aspiré par le mouvement d’un iceberg géant qui a déchainé les eaux glaciales sur moi et ma petite embarcation gonflable. Par miracle, j’ai échappé de me faire écraser et suis revenu sain et sauf en terre ferme.
Le documentaire “Wallmapu” produit par SOLIDREAM et USHUAÏA TV raconte cette histoire avec les éternels résistants que sont les Mapuche, “le Peuple de la terre” dans le cœur du territoire du Chili. Dans ma quête, je me retrouve confiné dans une vallée aux confins de la région de l’Araucanie dans le village de Curarrehue. Entouré de volcans, notamment du Villarica, le plus actif du pays. Toujours attentif à l’actualité du pays durant la révolte social, j’ai capturé des images dans des confrontations entre la police chilienne et les manifestants qui sera mon premier reportage du genre. Je passais de voyageur en itinérance à habitant immigré sans visa le temps que les frontières s’ouvrent à nouveau. Un jour journaliste reporter avec ma caméra, un autre jour paysan apprenant à cultiver la terre avec mes nouveaux voisins.
Ce projet avec mes amis de Montpellier prit alors une dimension plus personnelle dans cette ambiance tourmentée par autant de changements, rendant le récit encore plus poignant. J’avoue que je n’ai pas peur de dire la vérité vécue dans l’espace temps de mon voyage même dans le cadre d’une coproduction télé, quitte à montrer ma part de vulnérabilité ou une expérience de désillusion. Parti pour quelques mois, je reviendrai reviendrai finalement après plus d’un an et demi pour retrouver mes proches et partager le récit dans les cinémas et à la télévision.
aujourd’hui:
Après autant de temps au Chili, ayant comme pris racine dans cette vallée, je suis repartit vivre dans le village fin 2022 avec un envie d’avoir ma propre cabane où m’installer. Aujourd’hui, j’ai toujours un pied en Patagonie dans une communauté mapuche et l’autre en Ardenne… On peut me trouver dans les deux régions préparant de nouveaux projets et participant à des événements avec mes films.
